Et si j’étais en Ukraine ?
-
Lorsque j’avais l’âge de faire mon service militaire, dans un pays où il était obligatoire pour tous les hommes, j’ai dû, en tant que raélien, faire face à la justice militaire pour « refus de servir », et entendre des dizaines de fois les mêmes arguments de la part des juges, des autorités, et des militaristes parmi mes connaissances : «et si on t’attaquait, tu ne te défendrais pas ?», «Et si un fou décide d’envahir la Suisse, on devrait se laisser massacrer selon toi ?».
J’ai toujours trouvé que ces arguments mélangent la défense de sa propre vie avec la défense d’un système politique, d’un système économique, d’institutions (des banques…). Dans le cas d’une armée nationale, il a toujours été bien clair qu’elle n’a pas pour vocation de défendre votre vie, au contraire pour ce qui concerne les mâles valides, elle a plutôt le projet de sacrifier votre vie au profit d’idéaux.
Le modèle de défense de la Suisse, sans entrer dans les détails tactiques, ne prévoit pas vraiment non plus la protection de toute sa population, dont une grande partie habite dans une vaste plaine indéfendable appelée « le Plateau », qui aurait été abandonnée à son sort.
Ces questions me sont revenues quand j’ai vu l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes, et surtout quand j’ai vu revenir les militaristes sur le devant de la scène (y compris en Suisse, où ils en profitent pour demander une augmentation du budget militaire). Je me suis demandé ce que je ferais si je vivais à Kiev, avec une famille.
Posez-vous la question. Il y a plusieurs options :
– Prendre les armes proposées par le gouvernement
– Se cacher dans le métro ou autre abri en espérant que ça ne dure pas trop longtemps
– Fuir, sauver sa vie et ne pas participer au conflit arméJ’ai entendu, sans pouvoir le vérifier, que les Ukrainiens âgés de 18 à 60 ans n’ont, dans la situation actuelle, pas le droit de quitter le pays. Qu’aurais-je fait alors ?
Bien sûr, si je me retrouvais devant quelqu’un qui me menaçait d’une arme (ou mes proches), j’essaierais par tous les moyens de sauver ma vie, y compris par la violence.
Mais sinon, qu’aurais-je fait ?Aurais-je souhaité comme tous ces jeunes patriotes ukrainiens prendre les armes, pour certains sans aucune formation militaire, et accepté de souffrir ou de mourir pour résister sans garantie de succès contre une des plus puissantes armées du monde ? Aurais-je considéré que ma vie vaut moins que l’idée de mon Ukraine libre et indépendante ?
Honnêtement, je ne crois pas. J’aurais tenté de fuir le pays illégalement, j’aurais cherché le confort de la survie, car j’ai été habitué au confort, et je crois que le confort est un facteur de paix ; qui a envie d’aller, pour des illusions, se faire brûler ou déchiqueter au « champ d’honneur » ou plutôt au champ d’horreurs ?
C’est peut-être une lâcheté, mais c’est surtout la foi en l’idée que la justice est un combat de très longue haleine, et qu’il vaut mieux protester vivant que de ne pas pouvoir le faire, mort.
Vous voulez détruire là où je vis ?
Ça vous retombera dessus, tôt ou tard, et je m’emploierai à ce que les responsables perdent à la fin leur pouvoir, leur prestige et deviennent la honte de l’humanité qui un jour relèguera définitivement au passé ces mentalités guerrières. Cela arrivera nécessairement si l’humanité survit, l’histoire donnera raison aux justes, mais il n’est pas certain qu’elle se souvienne des guerriers et des nationalistes.Et je me réfère à ce passage très fort des Messages « Ne vous laissez pas avoir par ceux qui vous disent qu’il faut se battre pour la patrie… » (voir citation complète ci-dessous)
“Ne vous laissez pas avoir par ceux qui vous disent qu’il faut se battre pour la patrie ! Aucune patrie ne le mérite. Ne vous laissez pas influencer par ceux qui vous disent : « Et si des ennemis envahissent notre pays ne faut-il pas se défendre? » Répondez-leur que la non-violence est toujours plus efficace que la violence. Il n’est pas prouvé que ceux qui sont « morts pour la France » aient eu raison quelle que soit l’agressivité de l’agresseur. Regardez le triomphe de Gandhi en Inde. Ils vous diront qu’il faut se battre pour ses libertés mais ils oublient que les Gaulois ont perdu la guerre contre les Romains et que les Français ne se portent pas plus mal d’être des descendants de vaincus ayant bénéficié de la civilisation des vainqueurs. Vivez plutôt dans l’épanouissement, la liberté et l’amour au lieu d’écouter tous ces êtres bornés et agressifs.» «Les Extraterrestres m’ont emmené sur leur planète» – le paradis terrestre – de Raël
-
Lire aussi :
- 76aH* : Le 6 août, date anniversaire de l’explosion de la bombe atomique sur Hiroshima, marque l’entrée de l’Humanité dans l’âge de la révélation. C’est aussi le début du calendrier raélien : depuis le 6 août 2021, nous sommes en 76aH, 76 après Hiroshima. (Lire plus)
Témoignage : Et si j’étais en Ukraine ?
Par Antoine Berner, mars 76aH*/ 2022 Photo: maison en feu à Irpin, Ukraine