Censure des artistes en France 

Décidément, les artistes, caricaturistes ne sont pas les bienvenus au royaume de France. Et les attaques parfois suivies de plaintes continuent de pleuvoir à l’encontre de la liberté d’expression. Dans un précédent article, nous avions évoqué la situation de Michel-Ange Flori.

Rappelons que dans le contexte des contestations liées au pass vaccinal, en juillet 2021, Michel-Ange Flori avait représenté Emmanuel Macron sous les traits d’Adolf Hitler, avec une petite moustache et une mèche sur le front, vêtu de l’uniforme nazi, accompagné du logo LREM sous forme de croix gammée et du texte suivant : « obéis ; fais-toi vacciner » ; le cadre de cette affiche portait, en bas à gauche, la mention « affichage satirique et parodique ».

La seconde affiche, apposée le 12 août 2021, comporte deux portraits placés en miroir, celui de gauche représentant Philippe Pétain et celui de droite représentant M. Macron revêtu du même uniforme et coiffé du même képi que celui de Philippe Pétain, sous l’intitulé « il n’y a qu’un pass à franchir ».

Michel Ange Flori a été poursuivi par le président de la république. L’artiste a annoncé en décembre 2022 qu’il a finalement obtenu gain de cause  et que les condamnations pour injures publiques ont été annulées.  (Voir ICI ET ICI)

Caricaturer aujourd’hui le chef de l’Etat signifie donc être prêt à aller devant les juges ; c’est donc à ce prix – là qu’un artiste peut espérer être entendu, dès lors qu’il ose caricaturer le « roi ». 

En ce pays, il apparaît que la liberté s’arrête face à la loi du plus fort : celui qui agit avec la connivence des médias, qui s’octroie le pouvoir d’exiger d’une municipalité qu’elle recouvre ce qui ne convient pas au chef d’état, de faire pression en mettant en route la machine judiciaire Extraits de l’arrêt (chambre criminelle, 13 décembre 2022 cassation sans renvoi): 

« En premier lieu, les photomontages en cause, pour outrageants qu’ils fussent vis-à-vis de l’actuel Président de la République, se sont inscrits dans le débat d’intérêt général et la polémique qui s’est développée au sujet du passe vaccinal contre le virus du Covid.

En second lieu, l’auteur s’est placé sur un mode satirique résultant, pour la première affiche, de la mention « affichage satirique et parodique » et, pour la seconde, du jeu de mots « il n’y a qu’un pass à franchir », de sorte que les affiches incriminées n’ont pas dépassé les limites admissibles de la liberté d’expression ».

C’est maintenant l’artiste Lekto qui voit des fresques censurées. La fresque réalisée dimanche 2 avril 2023 par le graffeur Lekto sur un bâtiment du parking des Italiens à Avignon a été recouverte ce mardi 4 avril en fin de nuit.

Le graffeur d’Avignon avait caricaturé le président Emmanuel Macron en Adolf Hitler, costume et regard sombres avec un « 49.3 » à l’emplacement de la moustache du dictateur ( voir ICI) . L’artiste a porté la mention « Si jamais… peinture satyrique ».

Il fait l’objet par ailleurs de poursuites pour une autre fresque représentant E. Macron et J. Attali (son procès devrait avoir lieu le 14 septembre 2022 : lire ICI). Cette dernière représentait le président de la République en marionnette, dont les ficelles étaient tirées par l’économiste Jacques Attali. Ce dernier a porté plainte.

En cause : la dimension considérée comme antisémite de l’œuvre, qui représentait Jacques Attali, économiste de confession juive, tirant les ficelles d’une marionnette de Pinocchio à l’effigie d’Emmanuel Macron. Les autorités locales avaient cédé face à la pression de la préfecture et des associations.

Nous suivrons cette actualité, et, rappelons-le, une fois de plus : 

“Si la liberté d’expression a des limites, alors, il n’y a pas de liberté d’expression. » (Maitreya RAËL)

Lire aussi :

– La censure en France
– La liberté d’expression en France