Le droit de manifester existe-t-il toujours ?
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Par Lisiane Fricotté, Guide raélienne et juriste en droit social, droits de l’homme et libertés publiques
La France n’est pas la patrie des droits de l’Homme. Nous avons eu l’occasion de l’écrire à de nombreuses occasions. Avec les récents événements liés au mouvement des Gilets Jaunes, ce constat s’ancre encore un peu plus dans la réalité.
Avocats, juristes, dénoncent les multiples interpellations. « Des centaines de citoyens ont donc été arrêtés au seul motif qu’ils souhaitaient manifester… ». « C’est le droit de manifester que les autorités ont nié… ». « Inspirer la peur du gendarme et des juges à des citoyennes et des citoyens pour la plupart pacifiques… » peut – on lire dans une tribune récente rédigée par un avocat et une juriste.
Outre ces interpellations, des méthodes d’encerclement ou d’encagement sont appliquées en France pour empêcher des personnes de se regrouper, et ce, y compris en présence de personnes pacifistes
Cette pratique existe depuis des années iet prive des personnes de la liberté de circuler, de se réunir, de manifester. De nombreux manifestants pacifistes s’indignent aujourd’hui de ces méthodes.
L’utilisation régulière de l’encerclement ou encagement est contraire aux libertés : elle a été dénoncée par des organisations comme Amnesty international : voir Rapport du défenseur des droits décembre 2017 «Le maintien de l’ordre au regard des règles de déontologie » notamment – p:45 et suivantes.Le Défenseur des droits rappelle également que :
Le Rapporteur spécial des Nations-unies sur les droits à la liberté d’association et de réunion pacifique estime que la technique de l’encagement est « intrinsèquement préjudiciable à la liberté d’expression et d’assemblée pacifique, eu égard à sa nature indiscriminée et disproportionnée »( Report of the Special Rapporteur on the rights to freedom of peaceful assembly and of association, A/HRC/23/39/Add.1, § 37, 17 juin 2013).
Soulignons également qu’une publication d’Amnesty international (17 décembre 2018) rend compte des violences policières sur les gilets jaunes et passées sous silence par de nombreux médias.
Un réveil salutaire pour donner un sens à sa vie
Malgré ces menaces et risques, lors des échanges, avec les gilets jaunes, sur le terrain, il apparaît que leur détermination est intacte. Quelques euros de plus versés parcimonieusement (pour diviser ?) ne pèseront pas lourd face aux espoirs et solidarités que suscitent ce mouvement.
Révélateur de la collusion des pouvoirs médiatiques – politiques – financiers, rampante depuis des décennies, ce mouvement permet aussi de créer des liens de fraternité entre des personnes qui n’ont pas l’habitude de se parler et prendre la parole.«Au delà de l’aspect contestation qui réveille le côté militant de « faire ensemble » bouger les choses, ces actions donnent aux personnes un sens à leur vie.
On a tous besoin de se sentir utile et de faire quelque chose de grand et le fait de se retrouver pour échanger et partager pour refaire le monde est très présent sur les ronds points et je crois que des liens profonds se créent. c’est beau et émouvant de voir ces amitiés qui se créent et en plus de sortir de l’isolement et de la solitude, d’ouvrir des portes sur le monde, cette visibilité rend une certaine dignité à ces « oubliés de la république » témoigne Marc Girard, guide évêque raélien , leader du Mouvement raélien en France.Nourrissons l’espoir que cette vague profonde reste dans la lumière et ne se laisse pas submerger par le côté sombre (avec les violences et aussi la récupération politique par les extrêmes, les divisions).
Pour d’autres exemples de pratiques d’encerclement et d’arrestations arbitraires, pratiquées par la Préfecture de Paris : en 2011, à l’encontre de militantes GoTopless. M. Delanoe était maire et Mme Hidalgo, adjointe.
Voir la vidéo – Lire l’article – Et lire notamment cette lettre adressée à Madame Hidalgo. -
Pour construire un monde nouveau, non violent, plus juste consultez :
Libertés en France : le droit de manifester remis en cause